Warren DANIEL
BILAN 2025 des échouements de sargasses en Guadeloupe
24/12/2025
L’année 2025 se distingue en Guadeloupe par une activité élevée des échouements de sargasses, confirmant la persistance d’un régime excédentaire observé depuis la fin des années 2010. Les surfaces détectées au large et à proximité de l’archipel atteignent des niveaux parmi les plus élevés de la série temporelle débutée en 2011, plaçant 2025 comme l’année présentant la surface cumulée la plus élevée de l’ensemble de la période.
Cette situation s’est traduite par des arrivages fréquents et parfois massifs sur les côtes guadeloupéennes, et par une pression continue sur les dispositifs de gestion, dans un contexte de persistance du régime excédentaire observé depuis la fin des années 2010.
1. Échouements 2025 : Chronologie, intensité et structuration temporelle
1.1 Mise en place et premiers apports
Après de premiers échouements sporadiques et éparses très tôt dans la saison (décembre 2024), les premières augmentations significatives des surfaces sont observées dès la fin du premier trimestre 2025, marquant l'entrée rapide dans une phase active. Les valeurs de surfaces détectées mensuellement dans la zone de surveillance augmentent de façon soutenue à partir de cette période, traduisant l'arrivée progressive de radeaux en provenance du corridor atlantique central (fig. 1).
Figure 1 : Evolution de la surface mensuelle des sargasses depuis 2011 dans la zone de surveillance à l'est de la Guadeloupe
1.2 Phase d'intensification rapide et pic principal
La dynamique 2025 est dominée par une phase d'intensification très marquée, au cours de laquelle les surfaces estimées augmentent fortement en quelques semaines. Cette phrase correspond au cœur de l'activité annuelle et constitue le principal épisode d'échouement de l'année.
Sur la figure 2, la courbe cumulative de 2025 présente la pente la plus forte de l'ensemble de la série et dépasse nettement toutes les autres années, y compris 2018 jusqu'alors considérée comme l'année de référence. Cette dynamique traduit des apports massifs et concentrés dans le temps, associées à une structuration efficace du corridor de dérive.
1.3. Persistance des échouements
Après cette phase d'accumulation rapide, la dynamique tend vers un palier : les arrivées se poursuivent, mais avec une intensité moindre. Le cumul continu néanmoins d'augmenter jusqu'à la fin de l'année, traduisant une persistance des échouements sans retour à un régime faible. Cette succession "accélération rapide — plateau élevé" constitue une signature marquante de l'année 2025.
2. Positionnement de 2025 dans la climatologie récente
La figure 3 synthétise l'anomalie annuelle par rapport à la moyenne de référence 2011 - 2021.
La période 2011 - 2017 est globalement déficitaire. Une rupture nette apparait à partir de 2018, avec des anomalies positives récurrentes. L'année 2025 présente une anomalie fortement positive, du même ordre de grandeur que celles observées en 2021 et 2023, et légèrement inférieure au maximum de 2018. Ce positionnement confirme que 2025 s'inscrit pleinement dans le régime excédentaire récent, sans toutefois constituer un record absolu pour la Guadeloupe.
3. Prévision des échouements et dynamique saisonnière
La saison des sargasses 2025 s'est installée plus rapidement que l'année précédente et avec une intensité accrue. Le niveau de prévision d'échouement atteint un niveau très fort dès avril. La saison 2025 s'est étendue sur environ 32 semaines se concentrant entre la mi-mars et mi-septembre.
Malgré une durée comparable aux saisons récentes, l'intensité des échouements s'est révélée nettement plus concentré dans le temps, avec des arrivées massives sur une période réduite marquant une rupture avec les schémas observés lors de la saison précédente. Les prévisions se sont globalement avérées cohérentes avec les observations réalisées au cours de l'année (fig. 4).
4. Une fin de saison exceptionnellement tardive
Un élément notable de l'année 2025 réside dans la persistance des échouements en fin d'année. Des radeaux épars observés en novembre et décembre ont continué à échouer sur le littoral guadeloupéen, traduisant l'absence de véritable phase hors saison. Par ailleurs, de nouveau amas de sargasses conséquents sont observés dans l'Atlantique centrale cette fin d'année, laissant présager un début de saison 2026 potentiellement précoce et intense.
Conclusion
L'année 2025 en Guadeloupe se caractérise comme l'année présentant la surface cumulée de sargasses la plus élevée depuis le début du suivi en 2011. La dynamique est marquée par une intensification très rapide suivie d'un maintien durable à des niveaux élevés.
L'analyse des anomalies confirme le caractère exceptionnel de cette année, qui s'inscrit dans le régime excédentaire installé depuis 2018 tout en constituant une expression particulièrement forte. Cette configuration renforce les enjeux opérationnels de prévision et de gestion des échouements dans un contexte de pression accrue et durable sur le littoral.